Tumeurs neuro-endocrines digestives

 

Les tumeurs neuro-endocrines digestives sont des proliférations malignes à partir des cellules endocrines localisées dans la paroi du tube digestif ou du pancréas.

Du fait de leur origine endocrine, celles-ci peuvent assurer une sécrétion hormonale (tumeurs sécrétantes) ou non (tumeurs non sécrétantes) et engendrer des symptômes variés.

 

 

Epidémiologie

 

Les tumeurs neuro-endocrines digestives restent des tumeurs relativement rares, touchant un peu moins de 1000 patients par an en France, mais, du fait d’une survie prolongée dans une majorité de cas, leur nombre est en constante augmentation.

 

Il existe de multiples formes familiales d’atteintes et de tumeurs endocrines, les tumeurs neuro-endocrines pouvant essentiellement s’intégrer dans des néoplasies endocriniennes multiples de type 1 pour les atteintes pancréatiques.

 

 

Symptômes

 

Ils sont multiples en fonction de la localisation et de l’étendue de la tumeur : douleurs, occlusion intestinale, saignements, etc.

 

 

Bilan d’extension

 

Le diagnostic de certitude est anatomopathologique, par la mise en évidence de cellules tumorales malignes présentant des marqueurs endocrines, nécessitant un prélèvement tumoral. Cette analyse anatomopathologique permet également de visualiser « l’agressivité » de la tumeur, par l’étude de la différenciation (mitoses et marqueur ki67/Mib1)

 

L’objectif du bilan d’extension est d’évaluer l’atteinte du cancer :  tumeur primitive, ganglions et métastases, à l’aide de plusieurs examens :

  • Le scanner thoraco-abdomino-pelvien
  • L’imagerie fonctionnelle est indispensable, ciblée sur les sécrétions tumorales potentielles et la différentiation, pouvant faire appel à différents examens : scintigraphie aux récepteurs de la somatostatine (Octréo-scanner), TEP-scanner, TEP-F-Dopa, etc.
  • La biologie recherche d’une part des marqueurs endocrines non spécifiques : chromogranine A sérique, 5HIAA urinaires. En fonction de l’orientation, des marqueurs de sécrétion peuvent être recherchés.

 

 

D’autres examens peuvent être réalisés dans certaines situations :

  • IRM hépatique en cas de suspicion de lésions du foie
  • Echo-endoscopie pancréatique, permettant d’explorer les lésiosn endocrines situées au niveau de la tête du pancréas
  • Endoscopies : FOGD et Coloscopie permettant de localiser et caractériser une lésion digestive oeso-gastro-duodénale ou colo-rectale.
  • Entéro-scanner et entéro-IRM peuvent permettre de localiser et caractériser une lésion de l’intestin grêle. Ces examens peuvent également être complétés par un examen endoscopique du grêle de type entéroscopie poussée ou vidéo-capsule.

 

 

Traitements

 

  • Le traitement symptomatique est essentiel en cas de manifestations cliniques, notamment secondaires à la sécrétion.

 

  • La chirurgie reste le traitement curatif principal des lésions localisées, avec l’objectif de retirer la tumeur, avec des marges de sécurité adaptées, et également de réaliser une « lymphadenectomie », ou ablation des ganglions de drainage de la tumeur. En fonctions de la localisation, une stratégie chirurgicale adaptée est décidée en concertation pluridisciplinaire : résection intestinale d’une tumeur du grêle, pancréatectomie pour une lésion pancréatique, hépatectomie pour métastases hépatiques, etc. La transplantation hépatique peut être envisagée en cas de métastases hépatiques non résécables d’une tumeur très bien différenciée lentement évolutive, mais reste exceptionnelle.

Une cholécystectomie est souvent associée à la résection tumorale, facilitant l’emploi adjuvant de traitements analogues de la somatostatine.

Dans certaines autres situations, y compris palliatives, une intervention chirurgicale peut être justifiée : résection intestinale d’une tumeur primitive du grêle permettant de ralentir l’évolution de la maladie métastatique et de prévenir de possibles complications mécaniques ultérieures, exérèses tumorales permettant d’améliorer le contrôle d’un syndrome sécrétoire, etc.

 

  • La radiothérapie conventionnelle « externe » est employée dans quelques situations spécifiques : métastases hépatiques « ciblées », extension ganglionnaire non opérable, etc.

 

  • La radiothérapie « vectorisée », notamment au Lutétium, ou encore à l’Yttrium, a montré une efficacité, en particulier dans les tumeurs bien différenciées métastatiques.

 

  • La chimiothérapie est utilisée essentiellement dans les formes métastatiques, seule ou en complément d’une intervention chirurgicale. Le traitement principal reste l’utilisation d’analogues de la somatostatine, ayant une action « hormonale » sur les cellules tumorales permettant un ralentissement majeur de l’évolution tumorale dans une grande majorité de cas. Néanmoins, des molécules de chimiothérapie « conventionnelle » sont également utilisées : 5-fluoro-uracile, dacarbazine, etoposide, sels de platine, ainsi que des thérapies ciblées et anti-angiogéniques.

 

  • Les traitements « interventionnels » : radiofréquence, micro-ondes, cryothérapie, embolisation, chimio-embolisation etc. sont envisagés dans des situations spécifiques (métastases non opérables, saignement, etc.)

 

 

Pronostic

 

La survie des patients atteints de tumeurs neuro-endocrines est de plus de 60% à 5 ans, mais celle-ci reste extrêmement variable en fonction de l’agressivité tumorale.