Principe :
Ablation d’une partie ou de la totalité du pancréas.
Le pancréas est situé « en profondeur », au croisement des sécrétions biliaires, pancréatiques et du tube digestif, rendant son abord et sa chirurgie complexe.
Pathologies fréquentes :
- Cancer du pancréas : adénocarcinome, tumeur neuro-endocrine
- Métastase pancréatique
- Tumeur bénigne du pancréas : cystadénome
- Tumeur pseudo-papillaire solide (« de Franz »)
- Tumeur intracanalaire papillaire et mucineuse pancréatique (TIPMP)
- Pancréatite chronique calcifiante (PCC)
Complications classiques :
- Hémorragie / Hématome
- Abcès de paroi ou abcès profond
- Fistule biliaire
- Fistule pancréatique
- Fistule digestive
- Lésions spléniques (de la rate)
- Troubles respiratoires
- Comme pour toute intervention chirurgicale, complications de l’anesthésie générale, complications médicales : phlébite, pneumopathie, etc.
En pratique :
- Alimentation : possible jusqu’à 6 heures avant l’intervention, reprise alimentaire progressive 2 à 3 jours après l’intervention. Les boissons sont autorisées et recommandées jusqu’à 2 heures avant l’intervention.
- Hospitalisation : Entrée dans le service la veille
- Préparation :plusieurs mesures peuvent être proposées par votre chirurgien
Si l’intervention est réalisée pour un cancer, il est nécessaire de réaliser une immunonutrition qui permet de corriger une éventuelle dénutrition et de préparer le système immunitaire, en particulier l’immunité antitumorale, à l’intervention chirurgicale : des compléments alimentaires particuliers riches en produits stimulant l’immunité sont à prendre en plus de vos repas habituels, 2 à 3 fois par jour pendant la semaine précédant l’opération.
- Anesthésie : générale – une anesthésie péridurale complémentaire (en plus de l’anesthésie générale) peut être proposée pour les interventions réalisées par voie ouverte.
- Durée d’hospitalisation : de 7 à 15 jours sauf complication.
- Thromboprophylaxie : des mesures de prévention de la thrombose veineuse (bas de contention, injections d’anticoagulants) sont nécessaires pendant 15 jours à 1 mois après l’intervention.
- Récupération : surveillance post-opératoire initiale en soins intensifs, reprise de la marche et des activités sédentaires le lendemain, un drain est généralement mis en place, pour une durée moyenne de 4 à 8 jours sauf complications, arrêt de travail pendant 15 jours à 3 mois selon l’intensité physique. Un suivi endocrinologique, notamment en raison du risque de survenue de diabète, peut être nécessaire.
En particulier :
- Coelioscopie : Pour notre équipe, dans certain nombre de situations, l’intervention peut être menée par coelioscopie, notamment pour la partie caudale du pancréas, avec plusieurs petites cicatrices de 5 à 10 millimètres, une des cicatrices est plus élargie pour retirer le pancréas opéré et/ou la tumeur. Des mesures de « réhabilitation améliorée », permettant de réduire au maximum les complications opératoires et de raccourcir la période de récupération, sont associées à la prise en charge en coelioscopie.
- Robotique : Dans certains cas, l’intervention peut être difficile et l’aide d’un robot chirurgical peut être un complément utile à la coelioscopie.
Duodéno-Pancréatectomie-Céphalique (DPC)
Ablation de la tête du pancréas, et du cadre duodénal qui l’entoure.
Le duodénum et la face postérieure du pancréas sont séparés de la veine cave, la partie moyenne du pancréas (ou isthme) est séparée de la veine porte et de l’artère mésentérique inférieure et sectionnée. Le tube digestif est sectionné d’une part en dessous de l’estomac (antre gastrique) et d’autre part au niveau de la première anses jéjunale. Une cholécystectomie est réalisée et le canal cholédoque est sectionné, permettant de retirer le bloc duodéno-pancréatique.
La reconstruction nécessite plusieurs temps :
- Reconstruction pancréatique : anastomose pancréato-digestive : le pancréas est inséré dans l’estomac (anastomose pancréato-gastrique) ou le jejunum (anastomose pancréato-jejunale).
- Reconstruction biliaire : réalisation d’une anastomose hépatico-jejunale.
- Reconstruction digestive : anastomose gastro-jejunale.
L’alimentation peut être difficile pendant plusieurs semaines : En cas de dénutrition en pré-opératoire ou de difficultés pendant l’intervention, une sonde d’alimentation appelée jejunostomie peut être mise en place pour compléter l’alimentation pendant les jours suivant l’intervention.
Durée d’intervention moyenne de 6 heures
Spléno-Pancréatectomie-Caudale (SPC)
Ablation de la queue du pancréas et de la rate qui l’entoure.
Le colon transverse et l’angle colique gauche sont écartés, l’estomac est relevé. L’isthme pancréatique est séparé des vaisseaux spléniques (de la rate) qui sont liés. La rate est séparée des ligaments qui l’attachent au diaphragme.
Durée d’intervention moyenne de 3 heures.
En raison de l’ablation de la rate, une antibioprophylaxie et un suivi vaccinal sont nécessaires.
Pancréatectomie gauche avec conservation splénique
Ablation de la queue du pancréas, avec préservation de la rate et de ses vaisseaux.
Le colon transverse et l’angle colique gauche sont écartés et l’estomac relevé, en préservant les vaisseaux courts (vaisseaux entre l’estomac et la rate). Les vaisseaux spléniques (de la rate) sont repérés et progressivement séparés du pancréas auquel ils sont accolés. Celui-ci est sectionné au niveau de son isthme une fois la queue du pancréas totalement libérée.
Durée d’intervention moyenne de 3 heures.
Autres pancréatectomies
D’autres interventions peuvent dans de rares cas être réalisées sur le pancréas : énucléation de tumeur (généralement bénigne), pancréatectomie médiane, etc.
La duodéno-pancréatectomie totale (DPT) est l’ablation complète du pancréas, et peut être nécessaire dans certaines pathologies : TIPMP avec atteinte diffuse, kystes multiples avec dégénérescence, etc. Elle est néanmoins rarement pratiquée car l’absence de pancréas expose à un diabète définitif, avec un équilibre glycémique difficile à obtenir nécessitant des traitements complexes à vie.